Le retour de Compostelle, face cachée du pèlerinage

Aller vers Compostelle est une merveilleuse étape du pèlerinage de Saint Jacques… D’une traite ou par morceaux, pendant (très!) longtemps ou juste quelques jours, chacun fait son voyage à sa manière en vivant intensément. Mais que le Chemin ait été entier, morcelé, long ou court, chacun se retrouve inévitablement confronté à une autre étape du pèlerinage : le retour!

Surprise, surprise! Même s’il est négligé, le retour à la vie « normale » fait partie intégrante de n’importe quel voyage… Saint Jacques n’échappe pas à la règle!

Tout de suite, coup de projecteur sur cet aspect sous-estimé de Compostelle.

Dans cet article:
Une mutation majeure
Inégaux face au retour
 Quoi qu’il arrive, des étapes à passer

Panneau de sortie Santiago de Compostela - santiagoinlove.com

Une mutation majeure

Avant, les choses étaient claires dès le départ. Si tout se passait bien, un aller impliquait un retour. Tout voyageur allant de A vers B savait qu’il devrait aussi faire le chemin de B vers A. Vous me direz qu’aujourd’hui aussi, tout le monde s’occupe de son retour. Oui mais!

Autrefois…

… le pèlerin rentrait par le même moyen avec lequel il était arrivé. Son pèlerinage prenait peut-être fin à Compostelle, mais lui devait encore faire tout le trajet dans le sens inverse pour rentrer!

Alpha et Oméga inversé à Santiago: le fin n’est que le commencement…

S’il venait à pied, il repartait à pied. Et s’il mettait 3 mois à aller, il mettait aussi 3 mois à revenir. Autant dire que le retour était clairement et très consciemment considéré comme une partie du pèlerinage tout aussi importante que l’aller.

Cela permettait d’ailleurs de bien préparer et intégrer le retour de voyage. Tout un cheminement externe et interne pour rentrer, une sorte d’atterrissage en douceur dans la vie « normale »!

Aujourd’hui…

… nous allons toujours pleinement à l’aller, mais l’étape du retour passe quelque peu à la trappe. Nous prenons le temps d’aller à Compostelle à pied, en vélo ou à cheval, mais nous rentrons rapidement en voiture, en bus, en train ou en avion. Nous mettons parfois des mois à y aller, mais nous expédions le retour en un claquement de doigt.

gare de Santiago
Gare de Compostelle: le train, un moyen simple et rapide pour rentrer

Certes, rentrer reste incontournable, mais cette étape du voyage est souvent considérée comme une formalité ennuyeuse à gérer. Qu’à cela ne tienne, le retour nous le rend bien. Plus de considération pour le retour, plus de préparation ou d’intégration de ses effets en douceur. Nous rentrons vite en court-circuitant le cheminement du retour, une sorte de crash violent dans la vie « normale ».


Inégaux face au retour

Vous me direz encore, tout le monde ne réagit pas si négativement au retour. C’est vrai! Certains rentrent sans problème en étant même plutôt heureux alors que d’autres vivent très mal leur retour. Certains rentrent en avion sans problème alors que les originaux qui effectuent leur retour à l’ancienne peuvent avoir du mal à atterrir… (Ces dernier sont rares, très rares, mais chapeau bas à eux-elles!)

De toute évidence, tout le monde ne gère pas son retour de la même façon!

fin

Conscience du retour

De manière générale, intégrer consciemment ou inconsciemment la phase du retour à son voyage aide à mieux le gérer. Je ne parle pas de réserver un vol ou un train, mais de faire une place spirituelle au retour dans l’espace même du voyage (au sens, intérieur; non matériel).

Ceux qui partent en « vacances » sur le Chemin ont rarement un gros blues de retour. Ils savent très bien qu’il rentreront une fois le trajet ou le temps imparti terminés. D’autres peuvent commencer à rentrer avant même d’être arrivés. Ils entament leur retour intérieurement avant d’atteindre Compostelle, en refaisant de la place à leur vie « normale » dans leurs pensées.

Lâcher-prise

Le degré de déconnexion avec la vie « normale » et ses habitudes influence aussi la gestion du retour. Plus le décrochage a été important, plus le raccrochage peut être violent. On constate par exemple que rentrer d’un voyage court (définition relative) est généralement plus facile que rentrer d’un long pèlerinage.

Lâcher-prise sur sa vie « normale » prend du temps et un voyage court ne laisse pas forcément le temps d’y arriver en profondeur. Certains peuvent aussi voyager longtemps sans pour autant laisser leur vie « normale » en suspens pendant leur pèlerinage…


Quoi qu’il arrive, des étapes à passer

Tout le monde passe par différentes étapes pour intégrer son voyage et son retour. Qu’on s’en rende compte ou non, revenir est un processus à part entière: nos modes de transports modernes et rapides ont tendance à nous le faire oublier. Une fois le pèlerinage terminé, nous montons dans un avion (ou autre) et hop! Nous voilà revenu presque instantanément à notre point de départ.

Si les choses étaient si simple, tout irait bien. Sauf que…

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Retour différé

Il semble de toute évidence que malgré nos retours faciles et rapides, notre tête a un peu de mal à nous suivre!

Rentrer de voyage, c’est d’abord un peu comme si notre corps montait dans un avion et rentrait chez lui. Notre esprit, lui, reste dans la salle d’embarquement et rentre par ses propres moyens. Il continue à se balader pendant que notre corps fonctionne en pilote automatique chez nous pour assurer les tâches du quotidien. Curieusement, l’esprit semble mettre autant de temps pour rentrer que nous (tout entier) en avions consacré au voyage…. Peut-être rentre-t-il à l’ancienne? Quoi qu’il en soit, l’esprit rentre tranquillement, le corps attend…

Rentrer, au départ, c’est un peu ça. C’est attendre que notre esprit rejoigne notre corps.

Retour agité

Le problème dans le retour, c’est que l’esprit finit aussi par rentrer et rejoindre le corps, qui lui est rentré depuis longtemps. Deuxième étape! La réunification est difficile, c’est un peu comme si corps et esprit se réveillaient d’un doux rêve pour prendre conscience de la réalité qui les entoure. 
C’est le moment où nous trouvons que tout va mal, que tout est nul, que tout est déprimant… Et que nous serions tout de même largement mieux sur Saint Jacques que (re!)coincés à la maison!

Coup de blues, nostalgie, petite (ou grande) dépression, il n’y a rien à faire. Juste accepter cet instant pas très marrant, tenir le coup, s’occuper, faire quelques éventuels ajustements et attendre que l’orage passe

2010-fisterra-pilone

Retour apaisé

Car l’orage passe! Le tout est de ne pas se complaire dedans…

Le moral et la vie, c’est comme une drôle de balançoire. Parfois ils sont en haut, parfois ils sont en bas. Ils ne se balancent pas forcément régulièrement (pas de loi de la pesanteur pour eux!), mais ils se balancent.
Et ce qui est bien, notez-le bien, c’est que même s’il y a des bas dans une balançoire, il y a aussi le double de hauts! Encore une fois, le tout est de ne pas se coincer en bas…

La dernière étape du retour passe comme un lettre à la poste, parfois sans qu’on s’en rende compte. Le moral reprend son cours vers le haut, l’agitation des retrouvailles corps-esprit s’est apaisé. La vie s’est rééquilibrée, nous repartons vers de nouvelles aventures!

Car rentrer ne veut pas forcément dire « revenir à l’exact même que nous étions et que nous vivions » . Rentrer, c’est intégrer le Chemin parcouru à sa vie et continuer son bonhomme de chemin de plus belle…

Comme le disent si bien les pèlerins, Ultreïa e suseia, toujours plus haut, toujours plus loin!


Et vous? Comment s’est passé votre retour?
Comment êtes-vous rentrés? Avez-vous été surpris par vos pensées, vos sentiments? Trouvez-vous que vous avez traversé des étapes?

Dites-nous avec un commentaire 😉

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28 réflexions sur “Le retour de Compostelle, face cachée du pèlerinage”

  1. Courcelle Catherine

    Je suis partie seule mi-mai 2023 du Puys-en-Velay et suis allée jusqu’à Faro Fisterra. Je suis rentrée à la maison mi-octobre 2024 et depuis, je suis malade sans savoir ce que j’ai et ne peux pas reprendre ma vie d’avant et les activités que j’aimais. Je suis très déprimée
    Ktherine

  2. Bonjour. Je m’appelle Nicolas. Après mon arrivée, j’ai pris l’avion pour rejoindre mon épouse à Murcia. C’est en vous lisant que je réalise que ce que vous dites est vrai ; le retour a été trop direct,  » trop froid »..
    Bien à vous.

    1. Bonjour Nicolas 🙂 Merci pour ton témoignage. J’espère que ton retour n’a pas été trop difficile malgré ça… Ultreïa!

  3. Bonjour Marion
    J’ai fait le camino de sjpdp à Santiago. J’ai dû arrêter à triacastela et continuer en bus jusqu’à santiago pour douleurs aux pieds et toujours mal depuis 6 semaines que je suis rentrée… cela a été douloureux de devoir arrêter de marcher à seulement 140 km de Santiago, de laisser les autres sur le chemin. cela a été dur l’arrivée à Santiago en bus. Se sentir décalée par rapport à la joie des autres pèlerins arrivés à pied. Cette sensation d’inachevé malgré la fierté d’avoir accompli quelque chose d’exceptionnel. Pas la même fête. Heureusement j’ai rencontré dans le bus un homme dans la même situation que moi et nous avons vécu la dernière journée ensemble. Retour en bus en France. Je suis partie sur le chemin entre autres car je tournais en rond dans ma vie dans tous les domaines , une sorte de burn out avec le projet de quitter la région où je vivais depuis trois ans que je n’aimais pas, en ayant marre de faire des boulots alimentaires toute ma vie. Mais je n’arrivais pas à savoir où aller ni que faire. J’ai déconnecté très vite sur le chemin où j’ai retrouvé le sourire, mon humour et le bonheur des autres, moi qui ait du mal parfois avec les autres car hypersensible. Le bonheur des choses simples, la découverte des autres, paysages et de moi aussi. La fierté d’être moi. Heureuse malgré la douleur des pieds .
    J’ai retrouvé ma solitude chez moi, dans cette ville que je n’aime pas, sans travail fixe. C’est d’abord cette solitude, ce manque des amis Compostelle qui m’a touché. Et aussi de recevoir les photos de l’arrivée à Santiago de ceux que j’avais laissé là bas.. j’avais imaginé une arrivée joyeuse aussi pour moi.. j’ai eu la phase où je n’arrivais pas à décrocher du chemin à regarder les photos…. puis la phase plus positive où je me suis dit que vu que je n’arrivais pas à mettre mes projets en place j’allais le faire à l’envers. Faire mes cartons, petit bricolage pour remettre l’appartement en état, comme ça je serai prête quand j’aurai trouvé où je veux aller, un travail intéressant…recommencer mes remplacements pro. Là je suis dans la phase grosse déprime, en pleurs,en colère contre moi car je n’arrive pas à avancer… j’ai trop mal aux pieds pour marcher dans la nature alors pour ne pas penser je me noie dans la télé. La légèreté du chemin, ma légèreté, ma fierté de moi, mes sourires, les sourires des autres, la bienveillance me manque. Je sors peu sauf pour mes quelques jours de vacacions pro. J’ai retrouvé le côté pesant de ma vie de l’avant chemin plus le retour du chemin. Je n’arrive pas à en parler à mon fils quand il vient me voir. Je suis si triste et vide… merci de m’avoir laissé cet espace pour vider mon trop plein…

  4. Passicousset Jacques

    Bonjour Marion,
    mon premier chemin a débuté avec mon épouse au Puy en Velay en septembre 2006, nous sommes arrivés à Santiago en Septembre 2008, là les problèmes de retour ne se posaient pas car il fallait reprendre le travail…En 2013 départ de La Teste de Buch, toujours en couple, 16 aout, arrivé à Santiago, puis Fisterra et au bout du 44ème jour Muxia. Retour un peu plus difficile, mais on pouvait en parler ensemble. 2015 Camino da Costa départ Saint Jean de Luz et arrêt juste après Oviedo sur blessure (moi). Retour plus délicat, mon épouse ne voulant plus entendre parler de Santiago. 2016, seul je termine par le Primitivo, Oviedo/Santiago. Puis 2017, Camino San Salvador, Leon/Oviedo suivi du camino del Norte.
    Là, mon épouse s’en désintéresse. 2018 Salamanque/Ourense/Santiago toujours seul mais avec son accord, mais peu réceptive au retour. 2019 Camino Portuguès, Coimbra/Santiago,
    pendant le chemin j’apprends qu’elle un gros problème de santé.Retour pour l’accompagner pour une intervention sérieuse. 2020 covid. 2021 ma fille a un gros problème de santé, grosse intervention. 2022, tout le monde va bien, je décide de repartir par le seul chemin qui arrive à Santiago et que je n’ai pas encore pris: le Camino Inglès départ de Ferrol. Ce chemin ne restera pas le meilleur souvenir, seulement 6 jours mais avec du dénivellé, pluie et chaleur fin septembre, je casse mes lunettes la veille de l’arrivée, à Santiago j’apprends q’une amie est décédée, je veux rentrer très vite, pas de place dans le train direct Santiago/Irun, obligé de passer par Madrid, changement de gare difficile etc…A santiago je n’ai rien éprouvé, pas la moindre émotion comme d’habitude, je crois avoir fait le Camino de trop. Excusez moi pour ce long message, j’avais besoin d’en parler. Jacques. Merci pour votre site.

    1. Bonjour Jacques 🙂 Merci pour ton témoignage. Heureuse que ta famille aille bien, mais toutes mes condoléances pour ton amie…
      Que de Chemins à ton actif! Malgré ce CInglés décevant tu me sembles être un pèlerin dans l’âme, avec une envie de (re)partir récurrente. Probablement parce que ce tu vis sur les Chemins, ce que tu y cherches et ce que tu y trouves, est toujours vivant, cher et précieux à tes yeux. Peut-être cet état d’Être facile à atteindre en Chemin, mais difficile à retrouver au quotidien? De son côté, ton épouse semble avoir complété « son Compostelle » et être passée à d’autres « quêtes », sans plus ressentir l’appel de Santiago. Les Chemins représentent apparemment quelque chose de différent pour vous 2 (et c’est normal, il y a autant de Chemins que de pèlerins!), avez-vous déjà discuté de ça? Peut-être serait-elle plus réceptive à tes expériences, sachant ce qu’elles sont bien plus pour toi que de simples randonnées vers Santiago?
      Pour le « Camino de trop »… Je comprends ton sentiment… On dirait que beaucoup de choses ont contribué à gâcher ton Camino cette année, j’en suis désolée. Surtout cette terrible nouvelle et tes difficultés pour rentrer; normal que tu en gardes un souvenir amer! En plus, partir 6 jours c’est vraiment peu comparé aux pèlerinages plus long que tu as pu faire avant: arriver à « entrer en Chemin » sur un temps si court est vraiment difficile. Peut-être que le Chemin n’a pas failli mais que les circonstances ont rendu impossible l’expérience que tu voulais y vivre…
      J’ai envie de te suggérer de te laisser du temps, de vivre d’autre « quêtes » ailleurs qu’en Chemin. De laisser Santiago t’appeler à nouveau: cela redonnera peut-être du goût à ton pèlerinage et ravivera ton cœur de pèlerin. Et puis, d’essayer d’amener le Chemin dans ton quotidien: de trouver comment te faire sentir dans ta vie de tous les jours comme tu te sens quand tu marches vers Compostelle. Cela est toujours en toi, le tout est d’arriver à le faire fleurir…
      Aussi, n’hésite pas à me contacter si tu as envie de parler du Chemin! Via les commentaires, sinon par mail ou sur Messenger. J’ai toujours les oreilles et le coeur grands ouverts quand il s’agit de Compostelle!
      Bien à toi, Ultreïa!

      1. Passicousset Jacques

        Un grand merci Marion ta réponse m’a touché,
        je vais laisser passer le temps. Pour évacuer ma frustration, je fais des PPS de chaque étapes de ce dernier Camino que je partage avec quelques personnes réceptives. Encore merci. Jacques.

  5. Bonjour, j’ai fait le pèlerinage il y a 3 ans. Il me semblait évident de revenir à pied. Arrivée à Fisterra, j’ai étudié un itinéraire retour différent de l’aller, ça promettait d’être un peu compliqué du fait de l’absence de balisage, de la chaleur, des auberges plus rares… J’ai alors réalisé que je ne saurais pas quoi faire de ce que vivrais au retour pour la simple raison que j’étais déjà saturée d’émotions, de paysages, et, je l’ai compris plus tard, de fatigue. Après mûre réflexion et quelques jours de repos, j’ai pris un bus de retour, remonté en 2 jours ce que j’avais mis 2 mois à traverser. À la maison, il a fallu se remettre aux gestes quotidiens insipides qui me semblaient tous une perte de temps. J’ai proposé à mon mari de déménager dans un endroit plus petit qui demande moins d’entretien, sans pour autant savoir dans quel type de logement, dans quelle région. Nous sommes restés !
    En fait, ce que je voudrais surtout dire, c’est que si j’avais bien pensé au trajet retour, je n’ai jamais pu imaginer l’après. J’ai fait une fête pour mon départ, sachant bien que je n’aurais aucune envie d’en faire une à mon retour. C’était une fête d’adieu. Je partais avec un puissant moteur, mais je ne voyais rien d’autre pour mon retour que du blanc, on pourrait dire une page blanche car ce n’était pas inquiétant. Quand je suis rentrée, je me suis faite assez discrète, évitant de reprendre vraiment le contact avec mes voisins et amis. Le blanc s’avérait être la couleur du brouillard pour qui est perdu en mer. Quelques mois plus tard, nous étions confinés et l’ambiance correspondait exactement à mon état d’esprit : aucun repère dans une situation inconnue. C’était aussi l’occasion de ne plus rencontrer personne. Depuis, ce sentiment perdure.
    Cette semaine, je me suis forcée à sortir un peu. Je dis tout de suite que je ne fais pas étalage de mon pèlerinage quand je vois du monde, mais souvent, c’est un des derniers souvenirs communs, donc ça peut revenir sur le tapis.
    J’ai croisé lundi une connaissance qui m’a parlé de son envie d’aller à Compostelle, toutes ses lectures la confortant dans son aspiration à se trouver avec elle-même, se comprendre, aller plus loin… Hier, dans une soirée de village, un homme (connaissance de connaissance) m’a questionnée sur mon retour, si j’étais la même personne qu’avant de partir. Lui aussi envisageait de partir et il avait la réponse : à mon arrivée ou retour, j’étais fière de moi et j’avais « forcément trouvé mon enfant intérieur » !
    Deux fois dans la semaine, ça fait beaucoup ! Alors aujourd’hui, j’ai tapé « retour Compostelle déprime » pour trouver des témoignages. Tous les vécus sont différents, certains sont dramatiques, ils attestent tous que le rêve du pèlerin n’est pas forcément au bout de la route.
    Vous avez écrit que plus on décroche, plus dur peut être le retour. En effet, j’ai vraiment décroché. Je plaignais intérieurement les pèlerins qui ne disposaient que d’une semaine ou d’un mois et tâtaient leur billet retour chaque jour au fond de leur poche. Un jour, une dame partie depuis une dizaine de jours pour 2 ou 3 semaines me disait qu’en pèlerinage, on quittait sa maison mais qu’on pensait toujours à sa famille et ses tracas. Là, j’ai réalisé que je ne pensais plus à ma famille depuis déjà longtemps, même si j’envoyais tous les jours un message sur un groupe comprenant famille, amis, voisins… J’étais très loin, leurs encouragements me soutenaient pour aller toujours plus loin, un peu comme une brise pousse la voile, mais ne me ramenait pas du tout à eux.
    Merci pour votre page !

  6. Je suis arrivée à Santiago il y a tout juste un mois après avoir marché 1 mois depuis Saint-Jean-Pied-de-Port.
    Quel chemin, riche à tous points de vue.
    Le retour à la normale est par moment un peu compliqué émotionnellement. Ca fait du bien de lire d’autres témoignages.
    L’envie de repartir est tellement présente…

    1. Bravo pour ton Chemin Kate! 🙂
      Oui, le retour peut être difficile parfois… c’est normal et tu n’es pas seule à ressentir cela, ton sentiment est partagé par une vaste majorité de pèlerins. C’est important d’être doux avec soi-même et de se donner le temps d’absorber son expérience. Le Chemin ne nous quitte pas, il continue d’enrichir notre quotidien! Jusqu’à nos prochains départs 😉

  7. Bonjour, mon premier camino en 2019 a duré plus d’un mois. Quand nous sommes arrivé à Compostelle cela à été comme la grande fête de l’arrivé, on était heureux d’arriver au but envisagé pendant tout le chemin. passé cette journée d’euphorie nous avons eu la même reflexion à plusieurs marcheurs rencontré sur le chemin « super et maintenant, on veut pas que cela finisse »  » bon on repart pour faire le tour muxia et finistera ». ce petit rallongement nous a permis de nous préparer au retour. le retour à la vie de tous les jours à été un peu difficile. et oui sur le chemin les problemes sont simples. manger, dormir et de temps en temps s’abriter, pas trop compliqué. mais il y a aussi les sites traversés, l’introspection que l’on fait et les gens que l’on croisent avec qui on échange beaucoup.
    pour mon 2eme camino en 2020 qui n’a duré que 15 jours dans cette période difficile, je suis revenu sans trop de regret.
    depuis mon premier camino je pense toute l’année à la date de mon prochain départ

  8. Bonjour, pour préparer un retour il faut soigner son arrivée, pour mon cas j’ai appris au premier camino de ne pas me précipiter à Santiago mais de faire une pause juste avant le temps de recouvrer mes esprits, de faire un break une fois arriver de quelques jours à de préférences ailleurs qu’à Santiago. Surtout penser, que seul vous, saurai apprécier à sa juste valeur les moments passés sur le chemin, que vos proches ne comprendront peut être pas votre extase face à un souvenir sans doute anodin pour d’autres.

  9. marie-claude besnier

    bonjour : voici un bon moment que je pense a prendre le chemin de compostelle mais je me pose pas mal de questions: Les chemins sont ils bien balisés ? Trouve-t-on toujours un endroit pour dormir, ,pour acheter de quoi manger pour la route, et est-il vrai qu’a raison de 20 à 25 km par jours il faut près de 70 jours pour faire le puy en velay à Compostelle ? je devrais etre à la retraite dans 2 ans (60ans) et j’espère réaliser mon reve

    1. Bonjour Marie-Claude 🙂 Quel beau projet de retraite, je te souhaite bien sûr de le réaliser!
      Je te réponds en considérant que tu souhaites marcher par le Chemin du Puy (variante principale) et le Camino Francés.
      Sur cet itinéraire, il y a environ 1570km. Avec 20-25km par jour, compte entre 63-79 jours de marche. C’est une projection très mathématique, mais beaucoup de choses ont une influence sur le nombre de kilomètres effectués par jour, comme la fatigue, une blessure, l’envie de flâner, de visiter un lieu, etc. Je te conseille de préparer ton Chemin en prenant une moyenne haute (80 jours par exemple), cela te permettra de prévoir assez de temps, de pouvoir gérer les imprévus sans stress de temps et de laisser un espace au Chemin pour faire agir sa magie! Et si tu arrives finalement « trop en avance » par rapport à ton planning, tu auras le temps de profiter de Santiago ou de pousser jusqu’à la fin du monde à Fisterra et/ou Muxia…
      Le Puy est le Chemin le plus parcouru en France, le Camino Francés celui en Espagne. Ces 2 Chemins sont donc extrêmement bien balisés (parfois même un peut trop, côté espagnol!). Marques des GR (rouge et blanc) et panneaux avec inscriptions en France, flèches jaunes en Espagne. De même, tu trouveras toujours de quoi manger et dormir: les 2 Chemins sont extrêmement bien pourvus en hébergements et en services alimentaires, il est rare de devoir marcher 2h avant de tomber sur l’un ou l’autre! Et même pour ces quelques zones plus vides, aucun soucis, un peu de préparation à l’avance pour avoir assez d’eau et de nourriture avec toi et tu seras ok. Comme hors du Chemin, il faut bien sûr faire attention aux jours et horaires de fermeture des commerces, qui jouent parfois des tours aux pèlerins qui marchent hors du temps… La plupart des pèlerins choisissent un support pour les aider à s’organiser et éventuellement à trouver leur Chemin, un guide papier ou une appli. Le Miam Miam Dodo est le plus apprécié des francophones, il est très complet et couvre tout l’itinéraire du Puy à Compostelle (3 volumes)
      Il est normal de te poser plein de question, surtout au début… Tu trouveras les réponses qui te conviennent au fur et à mesure que ton projet prendra forme. Compostelle est vraiment idéal pour se lancer en douceur sur un voyage de ce type, tout y est fait pour que le pèlerinage se passe bien et que les pèlerins s’y sentent bien!
      Belle préparation à toi, n’hésite pas si tu as d’autres interrogations 🙂

    2. Oui.c est exact.le plus dur c est de partir..parole de pèlerine!
      Il ne faut pas avoir peur, le chemin nous porte vous verrez c est magique. Vous trouverez des hébergements de quoi manger..et surtout des humains restez ouverte a la rencontre.bon chemin.

    3. Oui on trouve toujours un endroit pour dormir.oui on trouve à manger.
      C est bien de se poser quelques questions.mais un jour il faut partir. Alors préparer bien son sac (leger). Bien roder ses chaussures.
      Achetez le miam-miam dodo.Fermer sa porte (et c est ça le plus dur.)
      Bon chemin.

  10. Je n’ai pas fait le chemin, je l’ai subi. Mon mari après 1 mois n’a plus donné de nouvelles mais il en envoyait des mails à tous nos voisins qui me posaient des questions sur sa progression. Le retour fut houleux aujourd’hui 2 ans après nous avons vendu notre maison j’ai dû renoncer à mon activité de chambre D’hôte et mon mari veut retrouver la liberté sans contrainte du chemin. Nous allons divorcer , je ne peux et veux plus vivre la souffrance liée à ce rejet de la vie familiale. Pourquoi ne pas faire le chemin avec lui ? Il veut être seul et partager le soir avec les autres , voilà où nous en sommes.

    1. Bonjour Christiane, merci pour ton témoignage.
      Ce que tu vis depuis plus de 2 ans est très douloureux, j’en suis désolée.
      Le Chemin amène les pèlerins à se redécouvrir, à poser un regard différent sur eux-mêmes et leurs vies. Cet aspect du pèlerinage est le plus souvent vécu et présenté comme profondément positif. Tu as peut-être du coup l’impression de vivre une horrible exception à la magie de Compostelle… Mais non, tu n’es pas seule. En réalité, il arrive en fait assez souvent que le retour du Chemin se traduise par des changements radicaux, qui peuvent balayer la vie « d’avant » de certains pèlerins… et celle de leurs entourage. Ce n’est bien sûr pas une consolation, mais ça peut soulager un peu de savoir que tu n’es pas seule dans ce que tu vis.
      Je ne connais pas votre histoire commune, je lis simplement que vous en êtes ensemble à la fin. Ce que ton mari a trouvé sur son Chemin, lui seul le sait vraiment. Toujours est-il qu’il a fait le choix de suivre sa propre voix/voie, sans toi, malgré toi. Un choix qu’il a très probablement eu le temps de mûrir en Chemin, mais qui t’es tombé dessus de nulle part et avec lequel tu dois depuis composer. D’immenses changements que tu n’as pas choisi, peut-être incompréhensibles, qui s’étalent en plus sans fin dans le temps… toute une vie qui s’écroule. C’est une expérience qui fait mal et une situation vraiment difficile à vivre! Si je ne peux pas imaginer exactement ce que tu vis, je compatis sincèrement avec toi.
      Ce que tu ressens est tout à fait légitime et je pense il est important que tu l’exprimes, pour pouvoir accepter tout ce qui t’arrive et aller de l’avant. Tout ça est difficile à faire seul, peut-être peux-tu trouver quelqu’un avec qui partager tout ça, qui pourra te soutenir et t’aider à traverser cette épreuve? Une personne bienveillante de ton entourage, un représentant de ta paroisse (si tu es croyante) ou même un-e professionnel-le?
      Aussi, malgré toute la douleur que tu vis en ce moment, j’ai aussi envie de t’encourager à voir au-delà. Cette histoire qui se termine, c’est aussi une nouvelle histoire qui commence, même si cela paraît loin. « Quand l’obscurité est devant toi, visualise un chemin de Lumière »
      Je te souhaite de tout cœur de trouver la force de traverser cette expérience difficile et de poursuivre de plus belle dans ta vie, en paix et en joie.
      Courage à toi, Ultreïa!

      1. Avant de partir en Pélé seule et en laissant mon époux athée à la maison, je savais que cela pouvait bousculer un couple. Cela me faisait peur, bien que notre situation de couple « mixte » s’était toujours bien passée depuis 30 ans.
        J’ai fait d’abord un « petit chemin test », celui de Aragon : du Somport à Puente la Reina (départ du Camino francés).
        Nous avons décidé ensemble que je pouvais aller plus loin.
        Je savais que mon époux était peu intéressé par le Chemin mais plutôt par mon voyage, il craignait les « dangers » d’un tel parcours seule. Je lui téléphonais chaque jour pour parler du voyage et le rassurer. Par ailleurs, je partageais le Chemin sur un groupe Wattsap et avec les autres pèlerins.
        Au retour j’ai un peu souffert du manque d’écoute. Je débordais de choses à exprimer.
        Je suis repartie très vite comme hospitalière en auberge : ce n’est pas le lieu pour pour parler de SON expérience mais c’est un lieu d’intense partage du Chemin. Ce fut ma manière de reprendre pied et de poursuivre mon Chemin. Mon mari sait bien maintenant que tout cela me nourrit, que j’en ai besoin, et que je reviendrai à la maison.

        1. Bonjour Diane 🙂 Merci pour ton témoignage!
          Votre couple est solide, que c’est précieux… Ce n’est pas facile de partir en laissant son partenaire de vie à la maison mais vous avez passé le pas et bien vécu tout ça ensemble, bravo! Le retour est également difficile, le décalage d’expérience peut être énorme au retour de Compostelle. Là aussi vous avez su transformer ça à votre avantage, bravo encore!
          Je te souhaite de beaux pèlerinages et accueils en tant qu’hospitalière! Et qui sait, peut-être un jour un bout de Chemin ensemble? 😉 Ultreïa!

  11. Merci pour ce texte sur un sujet précieux de l’expérience de Compostelle. Mon retour de ma première expérience de Compostelle en 2013 s’est fait très lentement. J’étais parti pour faire l’apprentissage de la lenteur…mais comme première étape d’un tour du monde qui a duré 12 mois. Simplement! L’esprit du Chemin m’a habité tout au long entretenu par une présence à soi, une nature inspirante et des expériences de recueillement en Abbayes de Provence, en monastères en Grèce, en Ashram en Inde et en temple Shangon au Japon. À mon retour au Québec, habité de tant de gratitude du voyage d’une vie, je me suis engagé comme bénévole à l’Association Québec à Compostelle pour, entre autres choses, animer des ateliers portant sur l’adaptation au retour de Compostelle.

    1. Merci Guy pour ton commentaire 🙂 Oui, Compostelle et les pèlerinages changent la vie, et pour longtemps… Ton tour du monde a du être terriblement passionnant et ton expérience doit sans aucun doute servir les pèlerins venant à l’association. Bonne continuation à toi, en gardant l’Esprit de Chemin vivant en toi et à travers toi!

  12. Claudine Andrivot

    Bonsoir,
    Merci pour ce texte.
    Je suis allée deux fois à Compostelle et suis rentrée en train et en avion, mais c’était prévu à l’avance et je n’ai pas éprouvé de réel problème au retour sinon l’idée que le retour me manquait. La troisième fois, en septembre 2015 je suis partie par divers chemins : Rocamadour/Agen / Arzacq/Pau/Oloron, Jaca/Puente la Reina/Leon puis descente vers le camino de la Plata pour arriver à Santiago par le sud (ah le camino Sanabres, une merveille! en sachant que j’allais revenir à pieds (bon, par le camino frances parce qu’il est plus facile à prendre à l’envers). J’ai vraiment eu l’impression de terminer mon pèlerinage.
    Pas si facile le retour en Espagne car voyageant sans GPS et sans carte détaillée je me suis bien « perdue » plusieurs fois par jour notamment dans les villages et dans certaines villes. Je suis arrivée chez moi en décembre sans problème après presque 4 mois de voyage, je n’avais jamais fait cela de ma vie! Après ce voyage aller/retour j’ai eu enfin l’impression d’avoir fini mon pèlerinage et j’ai eu beaucoup de choses à faire, mais il s’avère que près de deux ans après je commence à avoir envie d’y retourner, affaire à suivre…
    Je suppose qu’il doit y avoir beaucoup de monde à SJPDP à l’heure actuelle et que tu dois pas mal travailler!
    Claudine

    1. Merci pour ton commentaire 🙂
      Ouiii! Le Camino Sanabrés est super! Et dis donc, un retour à pied: chapeau! Pour avoir fait une étape à l’envers, j’imagine la difficulté de faire tout le Chemin à contre-sens 😉
      Je trouve plus facile de rentrer quand on a le sentiment (même inexplicable!) d’avoir clos son Chemin… Ce qui n’empêche pas d’avoir envie d’y retourner plus tard, comme tu le dis!
      SJPdP est plutôt calme en ce moment en fait… Le mois de juin l’est toujours, comparé à mai qui est un des mois les plus animés (avec septembre) et aux vacances, où les touristes rejoignent les pèlerins. Un peu de répit entre 2 vagues 😉

  13. Bonjour,

    Merci beaucoup pour votre texte, celui-ci m’a aidé au retour de Compostelle. J’ai compris qu’il pouvait être normal de vivre beaucoup d’émotions au retour et je me suis sentie moins seule.

    Buen Camino 🙂

    Isabelle

    1. Bonjour Isabelle, merci pour ton retour. Je suis heureuse que mon texte ait pu t’aider un peu! Nous sommes si nombreux à avoir des difficultés à vivre nos retours et à penser être les seuls à traverser ces moments… ce qui n’est pas le cas! Tu n’es pas seule et ça va aller mieux 🙂 Courage et pensées à toi, buen Camino! 🙂

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